Quarante associations de harkis se sont réunies lors d’une convention à Riom, ce week-end. Elles appellent le président de la République a prendre clairement position pour un projet de loi de responsabilité par le gouvernement français de 1962 de l’abandon des harkis et la réparation de ses conséquences, lors de la journée nationale d’hommage aux harkis, le 25 septembre.
Une convention nationale pour les harkis réunissant une quarantaine d’associations de toute la France, s’est tenue ce week-end à Riom.
Organisées par l’association justice, information, réparation pour les harkis (Ajir), les conférences et tables rondes avaient un objectif principal. Celui de réfléchir sur le contenu d’une éventuelle loi de reconnaissance de l’abandon de ces Algériens engagés comme supplétifs dans l’armée française durant la guerre d’Algérie. Des harkis que le gouvernement français avait refusé d’accueillir après les Accords d’Évian, le 18 mars 1962 qui marquaient la fin d’un conflit débuté en 1954.
Seuls 42.500 d’entre eux avaient pu trouver refuge en Métropole. Avec leur famille, ils avaient été parqués dans un premier temps dans des campements de fortune comme celui de Bourg-Lastic où 16 enfants avaient notamment trouvé la mort à cause du froid.
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Evaluer les préjudices pour de futures indemnisations
« Aujourd’hui ce que nous demandons c’est un projet de loi de responsabilité par le gouvernement français de 1962 de l’abandon des harkis et la réparation de ses conséquences », expliquait Mohand Hamoumou, président d’AJIR France, docteur en sociologie, spécialiste reconnu de la question des harkis et ancien maire de Volvic (2008-2020), lors du discours de clôture, ce dimanche.
Plus concrètement, la simple reconnaissance même officielle ne suffira pas. Il est demandé que soit actée dans cette loi la mise en place d’une commission pour évaluer les préjudices. Afin que soit mis en place un fonds d’indemnisation.
Aujourd’hui ce que nous demandons c’est un projet de loi de responsabilité par le gouvernement français de 1962 de l’abandon des harkis et la réparation de ses conséquences
Resterait à discuter des priorités. « Commencer par doubler la rente viagère de 253 euros mensuels des anciens et de leurs veuves, propose Mohand Hamoumou. Ce serait une mesure d’urgence pour que les 3.500 harkis toujours vivants en France puissent profiter convenablement de leurs dernières années d’existence. Ceci, avant de véritables indemnisations pour les familles. Car ce serait cynique de n’aider que ceux qui sont encore vivants. »
Un calendrier serré
À six mois des 60 ans des Accords d’Évian, le calendrier de l’Histoire se mêle à celui des élections présidentielles. Et pour les associations des harkis présentes à Riom, le week-end dernier, il faut agir vite. « Nous ne voulons pas une proposition de loi mais bien un projet de loi qui pourrait être voté plus rapidement, avant la course à la présidentielle » , insiste l’ancien maire de Volvic.
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En ligne de mire, la journée nationale d’hommage aux harkis, le 25 septembre prochain, où le président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, est attendu pour une annonce forte. « Nous ne voulons pas d’un simple discours comme ont pu le faire les présidents François Hollande ou Nicolas Sarkozy mais bien la confirmation d’un projet de loi », prévient Mohand Hamoumou qui avait pu s’entretenir avec le chef de l’État, en mai 2021 pendant près de deux heures.
Pour une portée plus symbolique encore, les associations souhaitent enfin que l’annonce présidentielle se déroule aux Invalides à Paris et non dans un des nombreux camps de transit – Rivesaltes, Larzac – qui avaient été mis en place en 1962. Ceci afin qu’un cas particulier ne résume à lui seul une histoire complexe aux multiples enjeux.
Éviter aussi que naissent les divisions dans une communauté qui avait pour ambition, ce week-end à Riom, d’afficher son unité et un large consensus.
Yann Terrat
Article du journal La Montagne du 12/09/2021