Un an après le vote de la loi de reconnaissance et de réparation pour les Harkis, l’association AJIR invite à une réflexion pluridisciplinaire sur les préjudices immatériels subis par des populations (matin) suivie l’après-midi de propositions et échanges avec des parlementaires sur les suites à donner. 

Le 20 septembre 2021, à l’Elysée, le Président de la République a annoncé un projet de loi reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans l’abandon des Harkis après le 19 mars 1962 et visant à réparer l’accueil indigne réservé aux familles de Harkis rapatriées. 


Le 3 novembre 2021, un projet de loi fût présenté en conseil des Ministres. Loin de l’attente de cette composante de la nation, de nombreux amendements furent proposés. Parmi les rares votés, on notera ceux précisant l’indépendance de la commission nationale et l’obligation d’un bilan annuel de ses réalisations et propositions.


Lors des explications de vote par les groupes politiques tous les orateurs ont admis que certains préjudices sont « irréparables financièrement ». Beaucoup ont insisté sur le fait que le montant forfaitaire de cette loi ne pouvait pas être « un solde de tout compte » mais que cela devait être considéré comme « un pas supplémentaire vers la réparation » due. La question de la légitimité du parlement à légiférer sur des faits historiques a ressurgi, de même que l’importance cathartique de l’écoute des victimes ou la nécessité d’une évaluation des préjudices en préalable à toute tentative de réparation.


Un an après le vote de la loi, il nous a paru utile d’une part de solliciter des experts de différentes disciplines pour réfléchir sur les questions soulevées durant les débats à l’Assemblée nationale comme au Sénat et d’autre part d’échanger avec des parlementaires sur des propositions découlant à la fois des réflexions théoriques du matin et des remontées du terrain suite à la mise en œuvre de la loi du 23 février 2022.  Cette journée s’adresse donc prioritairement aux parlementaires, aux élus, aux universitaires, et à celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire et refusent l’injustice.


Places limitées. Inscription préalable obligatoire sur www.ajir-harkis.fr

Intervenants :

Antoine Garapon, Docteur en droit, magistrat, enseignant à Sciences Po Paris et à
l’Ecole nationale de la magistrature, animateur d’émissions radiophoniques sur France
Culture.

Membre de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels de l’Eglise) ; président de la commission « Reconnaissance et réparation » créée à l’automne 2021 par les congrégations religieuses après la publication du « rapport Sauvé » pour les victimes de religieux et de religieuses 
Il est l’auteur de 23 ouvrages dont :
•    Peut-on réparer l’histoire ? Colonisation, esclavage, Shoah, Paris, 2008, Odile Jacob
•    Des crimes qu’on ne peut ni punir ni pardonner : pour une justice internationale, Paris, 2002, O Jacob.

Denis Peschanski, Doctorat d’Etat en histoire,  directeur de recherche au CNRS. Associé à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, il a présidé le conseil scientifique du Mémorial du camp de Rivesaltes de 2001 à 2022. Depuis 2006, il préside le conseil scientifique du Mémorial de Caen. Il est l’auteur ou co-auteur de nombreux ouvrages dont : 
•    La France des camps : l’internement, 1938-1946, Paris, Gallimard, coll. « La suite des temps », 2002, 456 
•    Entretiens avec Boris Cyrulnik : Mémoire et traumatisme. L’individu et la fabrique des grands récits, Paris, INA éditions, 2012, 80 p
•    Avec Francis Eustache et ali, Mémoire et oubli, Paris, Le Pommier, 2014, 160 p

Dominique Schnapper. Docteure en sociologie elle a été Directrice d’études à l’EHESS.  Elle a été aussi  membre du Conseil constitutionnel de 2001 à 2010, présidente du conseil scientifique de la DILCRAH et présidente du Conseil des sages de la laïcité. Elle est l’auteure d’une quarantaine d’ouvrages dont :
•    La Communauté des citoyens, sur l’idée moderne de nation, Paris, Gallimard, « NRF Essais », 1994
•    Qu’est-ce que la citoyenneté ?, Paris, Gallimard, « Folio », 2000La Communauté des citoyens, Paris, Gallimard, « Folio Essais », 2003

Boris Cyrulnik, médecin neuropsychiatre est aussi psychanalyste.

Il a notamment diffusé le concept de « résilience » (renaître de sa souffrance)
Président du prix Annie-et-Charles-Corrin sur la mémoire de la Shoah (depuis 2005). 
Il est l’auteur d’une vingtaine de livres (vendus à plus de 2 millions d’exemplaires et traduits en plusieurs langues) dont :
•    Les Vilains Petits Canards, Paris, Odile Jacob, 2001
•    Mourir de dire : La honte, Paris, Odile Jacob, 2010
•    Les Âmes blessées, Paris, Odile Jacob, 2014
•    Résilience : facteurs de protection et de vulnérabilité, Montréal, 2022
•    avec Boualem Sansal, L’Impossible Paix en Méditerranée, éd de l’Aube, 2017

Jean-Marie Bockel, ancien Sénateur, Maire de Mulhouse, Président de la communauté d’agglomération, il fût aussi Président de l’association des maires des grandes villes. 
 Il a été membre de plusieurs gouvernements de gauche (Laurent Fabius) et de droite (François Fillon) en qualité de Secrétaire d’Etat ( Francophonie, Budget , anciens combattants) ou Ministre (Commerce). Il a été nommé en mars 2022 Président de la commission nationale indépendante pour la réparation des préjudices subis par les Harkis rattachée à Matignon.

Samuel Deliancourt, magistrat. Premier conseiller à la Cour administrative d’appel de Lyon, Maitre de conférences associé à Faculté de droit de Lyon III, Université Jean-Moulin, Lyon III et à l’Université de Saint Etienne. Auteur d’ouvrages et articles en droit administratif.


Il est intervenu à Lyon lors d’une convention d’AJIR où son expertise et sa clarté ont été appréciées. Il suit de longue date les dossiers concernant les Harkis ou la prescription quadriennale.

Laurent Somon, Diplômé de l’école vétérinaire de Maison Alfort,  il exerce son métier jusqu’en 2017. Elu maire en 2001, il a été aussi Président de communauté de communes, conseiller général dans le canton de Doullens près d’Amiens, Président du Conseil Départemental de la Somme. Depuis 2020 il est Sénateur de la Somme, département où de nombreuses familles d’anciens supplétifs se sont installées. Présent à la convention nationale d’AJIR à Amiens en septembre 2022, il a accepté de parrainer cette réunion du 3 mars 2023 à Paris  dans une des salles du Palais du Luxembourg.

Mohand Hamoumou, psychologue clinicien, diplômé de l’Essec, il soutient en 1989 à l’EHESS, la première thèse publiée de sociologie historique sur la tragédie des harkis. Membre du conseil scientifique du Mémorial de Rivesaltes et du CS de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie.  Enseignant à l’université et en grandes écoles de gestion, il a aussi été DRH dans deux groupes internationaux. 
Maire de Volvic (2008-2020) et Président de communauté de communes. Auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur les harkis ou les processus d’intégration dont :

  • Et ils sont devenus Harkis, Fayard, 1993, préfacé par Dominique Schnapper
  • Les Harkis une mémoire enfouie, avec Jean Jacques Jordi, Editions Autrement, 1999

Salle Médicis.
Palais du Luxembourg
15 rue de Vaugirard 
75006 PARIS
Métro : Odéon/ Mabillon / St Sulpice

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Programme

           Comment réparer l’irréparable ?   


(Les titres et l’ordre des interventions peuvent changer.


9h : accueil. (15 rue de Vaugirard) Contrôle des invitations et pièces d’identité.


9h40 : Ouverture : Laurent Somon, Sénateur et Mohand Hamoumou, Président d’AJIR


10h : Antoine Garapon. Evaluer avant de réparer : mission impossible mais indispensable ?


10h30 : Dominique Schnapper : que peut réparer un Etat ?


11h : Denis Peschanski : des survivants de la Shoa à ceux du Bataclan, pourquoi dire l’indicible ou l’importance des fondations.


11h30 : Boris Cyrulnik : Comment éviter la transmission des traumatismes ?


12h15 : Déjeuner sur place.


13h45 : Pdt et bureau AJIR :  Un an après le vote de la loi, bilan et perspectives ; synthèse de groupes de travail AJIR 


14h : Samuel Deliancourt : la prescription quadriennale, entrave à la réparation ?


14h15 : Synthèse du bilan de la mise en œuvre de la loi et des propositions pour l’améliorer par des membres du bureau d’AJIR France.


•    les structures de toute nature oubliées
•    les dysfonctionnements de la mise en œuvre
•    les actions pour la mémoire
•    les discriminations à supprimer


15h : Réactions, prise de parole des parlementaires représentant divers partis politiques dont Marie Pierre Richer, rapporteure de la loi au Sénat. 


16h30 : Jean-Marie Bockel, ancien Ministre, Président de la commission nationale indépendante pour la réparation des préjudices subis par les Harkis.


Patricia Mirallès, Secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire  (en attente de confirmation)