Communiqué sur le rapport Stora, à propos de la mémoire de la période coloniale par l’association AJIR pour les Harkis.
Communiqué sur le rapport Stora, 22 Janvier 2021.
L’Association AJIR soutient la volonté du Président de porter « un regard lucide sur les blessures de notre passé » afin de réconcilier les peuples français et algériens. Les Harkis dont les familles furent souvent divisées par la guerre, et l’histoire longtemps falsifiée, aspirent naturellement à la réconciliation et à la vérité historique.
On se félicite de voir reprise la proposition de l’association AJIR d’une commission pluridisciplinaire internationale. Espérons qu’elle sera représentative de la diversité des acteurs de cette histoire.
AJIR apprécie aussi que l’auteur du rapport ait compris et repris, le fait qu’excuses et repentances étatiques sont déplacées et contre productives en ne faisant qu’alimenter ressentiment et surenchère. C’était notre position et celle d’une majorité Français.
En revanche AJIR déplore et dénonce des oublis importants qui ne sauraient être fortuits. Si la question douloureuse des disparus, et notamment ceux du 5 juillet à Oran est évoquée, le non respect des accords d’Evian censés garantir leur sécurité et un choix de vie autre qu’un exode imposé, n’est pas abordé. Les massacres et supplices de dizaines de milliers de Harkis après le 19 mars62 sont résumés par les seuls mots de « cruelles représailles».
S’il ne peut y avoir d’apaisement sans gestes symboliques, encore faut-il qu’ils soient équilibrés. Ainsi comment peut-on proposer d’accueillir au panthéon l’avocate Gisèle HALIMI pour avoir défendu des rebelles algériens et ne pas proposer Rabah KELIFF qui sauva de massacres plusieurs centaines de Pieds Noirs le 5 juillet 62 à Oran ou le Bachaga Boualem dont tant des siens périrent pour la France ?
Ce rapport a le mérite de ne pas souffler sur les braises. Mais ce souci d’apaisement conduit à trop de « trous de mémoire » tant sur la vision algérienne que sur les drames des Harkis au sens générique et des Pieds Noirs. On déplore également que l’armée ne soit évoquée qu’à travers la dénonciation du recours par certains à la torture. Rien sur ces officiers qui ont cru qu’une Algérie nouvelle, égalitaire, était possible et que des ordres ministériels obligèrent à abandonner les frères d’armes qu’ils avaient engagés.
Notre association réaffirme que l’attente principale des Harkis est absente du rapport : une loi de reconnaissance et réparation, maintes fois promise voire proposée mais jamais votée. Nous demandons au Président Macron, adepte de la vérité historique et attentif à ceux qui se sont battus pour la France, de faire voter cette loi avant la fin de ce mandat.