Depuis presque 60 ans, la célébration ou commémoration du 19 mars 1962, jour de la proclamation du cessez-le-feu fait toujours débat. Parce que même si ce fut un jour de joie pour les appelés et leurs familles, on fête les victoires, pas les accords bafoués, ni les abandons.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire de la guerre en Algérie entre 1954 et 1962, c’est-à-dire une majorité de Français, la question doit paraître incongrue. Comment peut-on être contre une date de fin de guerre ? Et bien justement parce qu’hélas, le 19 mars ne fut pas la fin de la guerre pour les dizaines de milliers de civils torturés, emprisonnés ou assassinés après cette date.
Le 18 mars 1962, après plus d’une semaine d’ultimes négociations à Evian, Krim Belkacem pour le FLN, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie pour le Gouvernement français signaient les accords d’Evian prévoyant un cessez le feu dès le lendemain avec la garantie de la sécurité de toutes les personnes civiles et militaires.
Or l’encre n’était pas encore sèche qu’enlèvements et exactions commençaient sans que l’armée française intervienne. Et ils allaient s’intensifier après la déclaration de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet de la même année. 70 000 à 100 000 harkis et membres de leurs familles ont été massacrés, et des milliers de Pieds Noirs furent assassinés ou portés disparus.
On comprend que ce jour du 19 mars 1962 fut pour les anciens appelés et leurs familles, un jour de soulagement et de joie. Mais pour les familles de Harkis et de Pieds Noirs c’était le début d’un calvaire. C’est pour cela que ni Pompidou, ni Giscard, ni Mitterrand, ni Chirac, ni Sarkozy n’ont voulu que le 19 mars soit une commémoration officielle avec présence des représentants de l’Etat et bâtiments publics pavoisés ! Parce qu’il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser !
C’est François Hollande qui le 8 novembre 2012 en a fait une cérémonie officielle.
AJIR souhaite que cette journée reste commémorative, mais non officielle. Le 19 mars ne peut être comme le 8 mai ou le 11 novembre. Parce qu’on fête les victoires, pas les accords bafoués, ni les abandons.
Une délégation d’AJIR, restreinte en raison de la Covid, déposera une gerbe ce 18 mars 2020 à Evian, à la mémoire des victimes que les accords signés le 18 mars 62 n’ont pas protégées.
Voir aussi en rubrique Histoire l’article de Mohand Hamoumou sur le 19 mars publié en 2017.