Réflexion sur un article à propos de la mission Stora

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Toute généralisation hâtive est en général abusive. L’article paru dans Présent n’échappe pas à la règle.

Titrer « Mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie: Les Harkis n’en veulent pas » est abusif à double titre. D’une part parce que les propos d’une personne ou d’une association locale n’engagent qu’elle et ne peuvent prétendre refléter ce que pense la majorité des anciens harkis et leurs descendants, d’autant que cette communauté de destin est extrêmement hétérogène. D’autre part, il ne s’agit pas de vouloir ou non une mémoire mais de s’inquiéter de l’enjeu réel de cette mission. En vérité, la lettre de mission du Président de la République à Benjamin Stora ne lui demande pas d’écrire une histoire officielle de la colonisation et de la guerre d’Algérie (Le Président Macron et B Stora sont trop intelligents pour faire ou accepter ce genre de demande).

L’objectif de la mission est « un travail de vérité pour une meilleure compréhension de notre passé et de ses blessures » partant d’une « volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algériens » (…) car «celles et ceux qui feront l’avenir de l’Algérie et de la France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements d’hier. Le devoir de notre génération est de faire en sorte qu’ils n’en portent pas les stigmates pour écrire à leur tour leur histoire » Le Président invite dans cette lettre de mission, B Stora à formuler « très librement des recommandations sur les gestes à effectuer et les actions à engager dans les mois et années à venir, dans notre pays comme dans ses liens avec l’Algérie, afin d’avancer dans ce travail de mémoire si difficile et pourtant si nécessaire à notre avenir ».

Il ne s’agit donc pas d’une commande d’histoire officielle comme le sous-entend l’article de Présent.

Bien sûr, compte tenu de l’engagement politique de Benjamin Stora, nombre de Français, et pas seulement des Harkis, s’inquiètent et appellent à la vigilance. AJIR avait fait part dès 2019 de son souhait d’une commission pluridisciplinaire et internationale mieux à même de garantir la pluralité des points de vue et d’embrasser toute l’étendue des coopérations potentielles avec l’Algérie. Nous jugerons sur pièce à la lecture du rapport et surtout sur ce qu’en retiendra le Président. Dans un article publié par le journal La Croix, Mohand Hamoumou, alerte le Président sur les risques d’une volonté unilatérale de réconciliation.