Le 17 octobre 1961, à Paris, à la demande voire sous la pression du FLN, des milliers d’Algériens manifestent la nuit contre le couvre-feu qui leur est imposé. La manifestation n’est pas autorisée par la Préfecture de police. Les policiers parisiens, sous l’autorité du Préfet Maurice Papon, reçoivent l’ordre d’arrêter et disperser cette manifestation.
Peut-être parce que se sachant couverts selon les mots de leur hiérarchie ou excédés par la mort d’une dizaine de policiers tués par le FLN dans les semaines précédentes, la police d’alors commet l’irréparable : une répression sanglante inexcusable. Elle matraque des civils désarmés, tire à balle réelle, jette des hommes dans la Seine. Le bilan officiel d’alors, de 3 morts est hélas bien loin de la terrible réalité. Ce sont des dizaines de personnes qui ont été tuées durant l’horreur de cette terrible nuit.
Fidèle à sa volonté de réconcilier les mémoires meurtries par cette guerre d’Algérie, continuant à reconnaître et à assumer les pages sombres de notre histoire, le Président s’est recueilli au Pont de Bezons et dans un communiqué il a reconnu des faits en les resituant dans leur contexte.
Certains, de droite ou d’extrême droite, se sont offusqués, craignant qu’à force de reconnaître les pages sombres de notre histoire, on porte atteinte à l’image de la France des Lumières. D’autres à l’inverse, de gauche ou Algériens, ont dit leur mécontentent estimant que le Président n’était pas allé assez loin, refusant de parler de crime d’Etat ou de participer le 17 octobre aux manifestations organisées par diverses associations.
Le Président avait invité des petits enfants de victimes mais aussi des enfants d’autres populations concernées par cette guerre, pour inciter à dépasser les ressentiments mortifères et à construire ensemble un avenir apaisé.
Le Président algérien, sans surprise, a estimé que ce n’était pas assez ; qu’il eut fallu parler de « crime d’Etat ». Par contre, pas une seconde il n’envisage lui de reconnaître la responsabilité de l’Algérie dans les massacres de Harkis après le cessez-le-feu, de messalistes à Mélouza ou de Pieds Noirs à Oran. De même, peu de personnes ont rappelé la responsabilité du FLN : il avait menacé de représailles ceux qui n’iraient pas manifester. Il savait qu’il y avait un risque que cela dégénère. Mais cela entrait dans sa stratégie pour forcer à négocier l’indépendance. Cela n’excuse en rien la disproportion de la réaction. Mais il serait bon que chacun reconnaisse ses responsabilités. C’est à ce prix qu’on pourra construire des relations sereines et fructueuses entre les deux pays.