Article de D. Schnapper dans Le Monde (nov 1999)

Ceux que l’on appelle les harkis ne sont pas un groupe ethnique. On n’est pas harki de génération en génération. Ce sont des citoyens français. Mais ils ont été des victimes de l’histoire, ils ont été les prisonniers d’un piège historique.


C’est ce destin particulier qui les a constitués en ​une collectivité historique.  


Certains d’entre eux ont fait l’expérience douloureuse de la trahison et de l’injustice. D’autres, la plupart d’entre eux, maintenant que les années ont passé, ont hérité du souvenir de la blessure qui a été infligée à leur père ou à leur grand-père. ​Si l’on n’est pas harki de génération en génération, il n’en est pas moins vrai que le souvenir du malheur, lui, se transmet de génération en génération. C’est l’histoire qui a constitué les harkis et leurs familles en tant que collectivité historique. C’est en tant que collectivité historique ​ qu’ils réclament la vérité. 


Depuis 1962, les harkis ont été aidés et assistés. Même si cela a souvent été de manière insuffisante. Mais ce n’est pas l’assistance qu’ils demandent aujourd’hui.


C’est la reconnaissance. Dans tous les sens du terme. Comme tous les citoyens d’une société démocratique, autant que tous les autres…